Evans, M.V., Garchitorena, A., Rakotonanahary, R.J., Drake, J.M., Andriamihaja, B., Rajaonarifara, E., Ngonghala, C.N., Roche, B., Bonds, M.H. Rakotonirina, J. (2020). Global Health Action, 13(1), p.1816044.
Résumé :
Le COVID-19 a fait des ravages dans le monde entier, mais l'Afrique subsaharienne (ASS) est particulièrement concernée, car les modèles suggèrent que la majorité de la population sera infectée. La sagesse conventionnelle suggère que le continent supportera une charge plus élevée de COVID-19 pour les mêmes raisons qu'il souffre d'autres maladies infectieuses : l'écologie, les conditions socio-économiques, le manque d'eau et d'infrastructures sanitaires, et la faiblesse des systèmes de santé. Cependant, jusqu'à présent, l'ASS a rapporté une incidence et un nombre de décès inférieurs aux prédictions des modèles standard et à l'expérience d'autres régions du monde. Il existe trois explications principales, chacune ayant des implications différentes sur la charge épidémique finale : (1) la faible détection des cas, (2) les différences épidémiologiques (par exemple, un faible R 0), et (3) les interventions politiques. Le faible nombre de cas a conduit certains gouvernements d'ASS à assouplir ces interventions politiques. Cela entraînera-t-il une résurgence des cas ? Pour comprendre comment interpréter les données de cas de COVID-19 plus faibles que prévu à Madagascar, nous utilisons un modèle simple structuré par âge pour explorer chacune de ces explications et prédire l'impact épidémique qui leur est associé. Nous montrons que l'incidence des cas de COVID-19 à partir de juillet 2020 peut être expliquée par toute combinaison de l'introduction tardive des premiers cas importés, de la mise en œuvre précoce des interventions non pharmaceutiques (INP) et des faibles taux de détection des cas. Nous réévaluons ensuite ces résultats dans le contexte de l'épidémie de COVID-19 à Madagascar jusqu'en août 2020. Cette analyse renforce le fait que Madagascar, ainsi que d'autres pays d'Afrique subsaharienne, reste exposé à une crise sanitaire croissante. Si les NPI restent en vigueur, jusqu'à 50 000 vies pourraient être sauvées. Même avec les NPI, en l'absence de vaccins et de nouvelles thérapies, le COVID-19 pourrait infecter jusqu'à 30% de la population, ce qui en fait la plus grande menace de santé publique à Madagascar pour l'année à venir, d'où l'importance des essais cliniques et de l'amélioration continue de l'accès aux soins de santé.