De Leo, G.A., Sokolow, S.H., Garchitorena, A., Ngonghala, C.N., Lund, A., Barry, M., Burke, K.S., Mordecai, E.A., Daily, G.C., Jones, J.H., Andrews, J.R. (2017). The Lancet, Vol. 389, S5.
Résumé :
Contexte: Les craintes populaires concernant les maladies infectieuses humaines se concentrent souvent sur les agents pathogènes qui se propagent par contact de personne à personne. En revanche, nous montrons que 70 à 80 % des agents pathogènes humains sont transmis par l'environnement (c'est-à-dire que les personnes sont infectées par contact avec des stades libres ou des réservoirs environnementaux, notamment le sol, l'eau, les vecteurs, la nourriture ou des hôtes non humains dans l'environnement). En fait, les maladies transmises par l'environnement représentent environ 40 % de la charge mondiale actuelle des maladies infectieuses humaines (soit 150 millions d'années de vie corrigées du handicap). Nous appelons ici à un regain d'attention pour le lien entre la santé humaine et les facteurs environnementaux, en mettant l'accent sur l'identification de solutions écologiques pour interrompre la transmission.
Méthodes: Nous avons développé un cadre de modélisation simple capable de saisir les deux principales voies de transmission, à savoir la transmission directe (transmission d'hôte à hôte, comme dans le cas de la grippe et de la rougeole) et la transmission par un réservoir environnemental (comme dans le cas du choléra, des maladies vectorielles, de l'helminthiase et de la sapronose). Nous avons utilisé le modèle épidémiologique pour analyser le rôle des facteurs écologiques pour les parasites et les pathogènes transmis par l'environnement et pour étudier l'efficacité des traitements médicamenteux pour les maladies transmises directement et par l'environnement.
Résultats: Grâce à l'analyse de la dynamique des systèmes, nous montrons que les traitements médicamenteux périodiques qui conduisent à l'élimination des maladies directement transmises pourraient ne pas y parvenir dans le cas de pathogènes humains ayant un réservoir environnemental. Pour les maladies transmises par l'environnement, un contrôle plus efficace peut être obtenu lorsque les stratégies de traitement classiques sont complétées par des interventions qui agissent sur le réservoir environnemental de l'agent pathogène ou réduisent l'exposition.
Interprétation: Le contrôle des maladies transmises par l'environnement peut être plus efficace lorsque le traitement humain est complété par des interventions ciblant le réservoir environnemental de l'agent pathogène. Partout où des approches environnementales visant à réduire les maladies humaines et à préserver les écosystèmes sont disponibles, les praticiens de la santé, les scientifiques de l'environnement et les communautés peuvent travailler en synergie pour résoudre les problèmes de santé.